lundi 22 décembre 2014

Bams répond à Emily Loizeau qui a traité les opposants à Exhibit B de personnes de mauvaise foi et non dotées d'un cerveau humain


Bams répond à Emily Loizeau qui a traité les opposants à Exhibit B de personnes de mauvaise foi et non dotées d'un cerveau humain



Ai pris le temps de répondre à l'artiste Emily Loizeau :

Emily Loizeau poste le 9 déc : Retour du 104 ce soir. 

Merci à Brett Bailey, merci aux comédiens d'Exhibit B de nous offrir une oeuvre qui éprouve, dérange, déstabilise, heurte, émeuve, donne à penser… merci pour votre courage, votre justesse.
Merci de veiller sur notre mémoire.
Merci au 104 et au TGP de nous offrir l'espace pour vivre cette expérience.
Exhibit B est une oeuvre qui fait appel à nos consciences et nous met face à nos responsabilités. Elle dit ce que tous les manuels d'histoire n'ont jamais dit et ne pourront jamais vraiment dire.
Ce spectacle permet d'entendre, de ressentir, d'apprendre et de se recueillir…
Puisse-t-il se jouer longtemps et provoquer pour longtemps de longues et profondes discussions, où chacun puisse exprimer et échanger sur son émotion, sa stupeur, sa honte, sa colère…. et construire.
Puisse ces longues discussions prendre à jamais le pas sur le silence tonitruant que d'autres réclament sans avoir rien vu de ce qu'ils dénoncent.
Parce qu'il faut arrêter les conneries cinq minutes, ce spectacle peut poser de vraies questions mais soyons clairs, nulle personne de bonne foi, dotée d'un cerveau humain, d'une capacité à lire et à comprendre ce qu'il lit ne peut l'espace d'un millième de seconde envisager que cette oeuvre soit une oeuvre raciste.
http://www.104.fr/programmation/evenement.html?evenement=358

Ma réponse: 


Mlle, je suis membre du Collectif Contre Exhibit B et il me semble important de répondre à vos insultes. " Parce qu'il faut arrêter les conneries cinq minutes, ce spectacle peut poser de vraies questions mais soyons clairs, nulle personne de bonne foi, dotée d'un cerveau humain, d'une capacité à lire et à comprendre ce qu'il lit ne peut l'espace d'un millième de seconde envisager que cette oeuvre soit une oeuvre raciste. " Nous pouvons ne pas partager les mêmes idées et contrairement à vous, nous ne nous sommes jamais permis d'insulter nos détracteurs. Ce comportement est quand même très révélateur de cette caste " dominante privilégiée majoritairement blanche " qui dans cette histoire est celle qui porte insultes, marque le rapport de force, joue les donneurs de leçon " nous ne savons pas lire l'art etc... " Toujours le même côté, le votre... Celui des partisans d'Exhibit B. Pour votre info, nous avons demandé le débat depuis le début, il nous a été constamment refusé. La caste blanche, rejoint par quelques noirs privilégiés cultureux ravis de sauter sur l'occasion de faire patte blanche, veut bien se dire anti raciste et universaliste, si c'est elle qui définit CE QUI est raciste, COMMENT le définir et QUOI en dire mais si les racisés ( en l'occurence dans le cas présent, les noirs ) osent s'emparer de la question, là, on leur envoie les CRS. 

Je suis d'autant plus attristée, qu'au mépris, qu'au prix, de NOTRE indignation, notre souffrance, notre douleur vous ayez pu gouter avec délectation, émotion et force à ce qu'est l'humiliation subie par le peuple noir. À mes yeux, ceci ne prouve qu'une chose... Rien n'a changé... Un artiste blanc instrumentalise des corps noirs pour un public blanc, pour que vous autres découvrez ce qui devrait être enseigné dans les livres d'histoire. Mais encore faudrait-il que vous, mlle, blanche, ayez l'humilité, l'universalisme d'accepter de vous déplacer de votre condition de blanche pour entendre cette parole de noire que je partage avec vous. Ce travail, nous, ces nouveaux visages français, noirs, le faisons depuis que nous sommes nés. S'identifier aux personnages toujours blancs des livres, des films, des Opéras, des pièces, de tout ce qui contribue à façonner l'imaginaire collectif, nous, noirs, arabes pourtant français comme vous, avons bien appris à le faire, devoir se déplacer pour pouvoir nous aussi vivre l'émotion artistique. Même si constamment malmenés, lorsque pour une fois un personnage noir existe, il est... Samba, l"émigré, l'intouchable caillera, Fatou la malienne etc... Oui Mlle, cette essentialisation à réduire nos représentations dans des figures clichées, dégradantes, méprisantes et réductrices est insupportable, perpétuelle et raciste. Et oui, votre Bailey, aussi plein de bonnes intentions ne fait que reproduire l'humiliation pour soit disant la dénoncer. Cette installation n'apporte rien, ne nourrit aucune analyse quant aux mécanismes qui font cette humiliation. On exhibe juste la victime, noire et se garde bien de montrer aussi PHYSIQUEMENT, comme ces pauvres victimes noires, l'oppresseur BLANC machette à la main qui coupait les mains et les jambes, pic à la main, qui perçait les yeux, pantalon baissé qui violait nos femmes... Peu importe l'inconfort que ce miroir me renvoie, tant qu'on prend soin du votre. On doit donc aujourd'hui comprendre, à coup de CRS, que reproduire = dénoncer. Vive le progrés, vive le 21 ème siècle, de mieux en mieux !!! 

Bailey partialise et essentialise et le noir et le blanc, ne raconte ni l'histoire, ni l'oppresseur, blanc, ni la résistance, noire. Juste contribue à, une fois de plus, enfermer le corps noir dans une forme négative et humiliante. Mais bien sûr, vous savez tout mieux que nous, comment dîtes vous déjà, nous qui ne sommes pas " dotée d'un cerveau humain, d'une capacité à lire et à comprendre ce qu'il lit ". Je ferai suivre aux 20 000 signataires français, aux 23 000 signataires anglais, aux milliers de manifestants... Heureusement la grande Emily Loizeau va nous apprendre à lire et va nous apprendre comment ce qui parle de nous est bon pour nous. Je suis artiste comme vous Mlle, auteure ENGAGÉE-compositrice et interprète et l'art n'est pas au dessus de tout et pour ma part le projet de société que j'ai envie de défendre et dans lequel j'ai envie de m'inscrire est celui qui respecte les sensibilités de chacun. Car quand on blesse, il me semble juste humain, d'arrêter ! Et si aujourd'hui tout le monde en France trouverait UNANIMEMENT abjecte de reconstituer des fours crématoires avec des figurants juifs squelettiques pour dénoncer la Soah, c'est parce que cette histoire on nous l'a enseignée, on la connait et qu'à ce sujet, l'état français a fait son travail. Le génocide juif nous a été enseigné à l'école. Alors je le redis... Que l'état français commence à faire son travail quant à l'histoire noire qui pour l'instant n'est que dans les pages blanches de ces livres avant de venir de manières aussi brutales convoquer cette imagerie stigmatisante. En 2014, remettre des noirs en cage pour dénoncer le racisme est intolérable et nous continuerons à nous battre contre ça. J'ai une question pour vous, peut-être avez vous la réponse. Comment se construire - alors qu'on a déjà assez de mal une porter une mémoire positive autour de ces thématiques mémorielles - Comment se projeter en bon citoyen dans une société qui nous renvoie continuellement des images de nos parents, nos arrières grands parents SOUMIS - SOUS HOMMES - MUETS, tel des 'bien meuble' comme le définissait le code noir, programme politique qui a écrit et défini l'esclavage. Si vous avez la réponse Mlle l'anti raciste auto décrétée, je veux bien même si je n'ai pas un cerveau d'humain et que je ne sais pas lire. 
 Bams artiste et membre du collectif Contre Exhibit B

La victoire de la campagne contre #exhibitB, par John Mullen

La victoire de la campagne contre #exhibitB

Je me repose un peu après deux mois de mobilisation intense contre Exhibit B (même si on essaie d’informer les antiracistes chiliens de l’expo programmée chez eux). Maintenant le débat commence à se déclencher : à la radio, au QG du PCF et ailleurs, certains commencent à prendre le temps pour écouter nos objections et nos arguments, ceux d’un petit collectif constitué de 14 personnes dont plusieurs artistes noirs, quelques individus déterminés à ne pas se faire insulter de cette manière et quelques militants antiracistes ordinaires.
Le collectif a réussi, pas seulement à faire annuler les deux derniers jours de l’exposition, et d’obliger les défenseurs de l’œuvre de Bailey d’entourer son « antiracisme » de rangs de CRS, mais surtout à faire passer deux messages. D’abord, on ne peut pas insulter les Noirs sur la scène publique dans notre société du XXIème siècle sans qu’il y ait une réaction de colère et d’indignation. C’est un message d’une très grande valeur, un message d’espoir pour des millions de gens en France. Deuxièmement, on ne peut pas « faire de l’antiracisme » sans écouter la voix des premiers concernés, ceux qui sont ciblés par le racisme jour après jour, années après année. Les organisations antiracistes qui se sont opposés à cette voix (« ils sont dingues » disait Agnès Tricoire de la LDH dans Grazia) devront se remettre en cause ou perdre encore de leur crédibilité.


jeudi 11 décembre 2014

Le Collectif contre Exhibit B a besoin de vos dons pour financer son action en justice.

Après la décision du Tribunal administratif de Paris qui n'a pas reconnu l'atteinte à la dignité humaine, nous avons saisi le Conseil d'Etat et attendons sa décision.


MERCI DE VOTRE DON: VOS DONS ICI

CLIQUEZ ICI POUR SIGNER LA PÉTITION


LE TÉMOIGNAGE DE PENDA TRAORÉ MEMBRE DU COLLECTIF CONTRE EXHIBIT B
QUI A VU L'INSTALLATION DE BRETT BAILEY
"Je m’appelle Penda Traoré et je fais partie du Collectif Contre Exhibit B depuis la première heure. Dès le 5 novembre j’ai rencontré Brett Bailey au cours d’une réunion semi-publique destinée aux « relais culturels » de la ville de St Denis. Le metteur en scène nous a présenté son parcours de Sud-Africain élevé dans la négation du Noir, son cheminement artistique, ses oeuvres faisant office de thérapeutique… Avec un diaporama il nous a expliqué la plupart des tableaux d’Exhibit B. Au moment des échanges, je lui ai dit en quoi son oeuvre me heurtait, moi femme, noire, afro-descendante, mère. Pourquoi j’aurai honte que mon fils aille voir cela moi qui me bat pour qu’il ne pense pas qu’être noir est une malédiction ! Le directeur du théâtre, Jean Bellorini, était présent. J’ai réaffirmé la nécessité d’un débat préalable, d’une rencontre et des échanges, d’une écoute mutuelle, comme nous venions d’écouter l’artiste. Le Collectif n’a eu de cesse d’envoyer des courriers au préfet, aux maires (St Denis et XIXe) aux directeurs des 2 théâtre pour poser le problème en amont… En vain, j’ai accepté toutes les mains tendues au nom du Collectif et pour moi-même. Le jeudi 27/11 j’ai vu l’oeuvre en avant-première en même temps que Lilian Thuram. L’oeuvre n’a fait que confirmer mes craintes et j’espérais que le débat du lendemain permettrait d’échanger enfin… Seule notre présence sur le terrain nous a permis de nous faire entendre, même vous (la presse) ne nous ouvrez pas vos colonnes ! Pourtant en tant que femme noire, je me sens la première concernée, quand allez-vous enfin nous donner la parole ???
 Penda qui attend « le coeur un peu penché mais plein d’espoir » que toutes les voix aient droit au débat !"



RASSEMBLEMENT DEVANT LE 104 à partir de 18h30 jeudi 11 et vendredi 12 décembre 2014. NON À EXHIBIT B!



À ce soir devant le 104 dès 18h30

Apportez des pancartes des slogans ou de la musique. Nous exprimerons fermement mais pacifiquement notre colère et notre dégoût face à cette exposition.
N’hésitez pas à faire circuler cette information le plus largement possible, y compris aux organisations antiracistes, politiques, associatives.”
Droits, Dignes et Déterminés...

mercredi 10 décembre 2014

QUAND LA POLICE GAZE LES MANIFESTANTS NOIRS DONT LA DIGNITÉ EST BAFOUÉE POUR PROTÉGER UN SPECTACLE RACISTE

VIDÉO DE KAMAYITI TV: EXHIBIT B Quand le RACISME est dans le Gaz Dimanche 7 décembre 2014 devant le 104.



FRANCE O JT INFO SOIR DU 09 DECEMBRE 2014




Radio FRANCE CULTURE du 9 Décembre 2014: le sujet sur Exhibit B à la 19e mn et 56 s
http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4965623

lundi 8 décembre 2014

LE COLLECTIF CONTRE EXHIBIT B LANCE UN APPEL AUX DONS

Appel à dons

Collectif CONTRE EXHIBIT B
Montreuil, France
8 déc. 2014 — Le rassemblement de dimanche 7 décembre devant le 104 s'est bien passé. Nous avons décidé de demander aux tribunaux de déprogrammer Exhibit B et nous voulons engager un avocat. Nous avons besoin d'un modeste soutien financier de votre part.



Collectif contre Exhibit B
Appel aux dons pour contrer Exhibit B
Le collectif contre Exhibit B déterminé à poursuivre sa mobilisation contre la marchandisation de l’histoire de la souffrance humaine.


Le Collectif contre Exhibit B, réuni le vendredi 5 décembre, appelle tous ses signataires et ceux qui dénoncent le racisme en France à nous soutenir financièrement pour les frais de gestion et d’aboutissement d’une procédure judicaire.

Cette procédure dite de référé-liberté vise la suspension de la programmation de l’événement Exhibit B.


Après deux mois de lutte et diverses démarches pour débattre de la déprogrammation de l’installation, nous sommes aujourd’hui contraints de multiplier les formes de mobilisation et de passer par la voie juridique pour nous faire entendre.
Exhibit B porte atteinte à la cohésion nationale et remet en cause la constitution plurielle de la société française ainsi que le droit de tous à la parole.

« Toute narration de l’esclavage qui exclut les résistances des esclaves et les bourreaux fait l’apologie du crime contre l’humanité. Elle nie leur humanité aux individus réduits en esclavage et refuse d’en dénoncer les auteurs. Si des antiracistes ne comprennent pas cela, alors ils devraient remettre en question tous les fondements de leur supposé antiracisme », ajoute Dieudonné Gnammankou, historien, membre du collectif, et président de l’association le Centre DUMAS-POUCHKINE des Diasporas et Cultures Africaines

Pour nous faire parvenir votre contribution, veuillez utiliser le lien ci dessous.

À chaque étape, nous vous tiendrons personnellement informés de nos avancées. Un point comptable vous sera également adressé en toute transparence.

Merci pour votre mobilisation.

• Notre compte leetchi : https://www.leetchi.com/c/association-de-campagne-contre-exhibit-b-paris
• L’adresse postale de l’association le centre DUMAS-POUCHKINE, situé au 2 place du 14 Juillet 78 260 Achères: pour l’envoi de chèque ou d’espèces


Merci à vous.
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 DANS LA PRESSE

LE PARISIEN: Exhibit B : des artistes portent plainte en référé contre l'expo jugée raciste

20 MINUTES: Paris: Art qui dénonce ou art raciste? L'exposition «Exhibit B» divise

LE PARISIEN: Paris : rassemblement contre l'exposition «Exhibit B», jugée raciste

RUE D'AFRIQUE - L'OBS : Marc Cheb Sun : les raisons de la colère autour d’« Exhibit B »





Contribution de William Farreaux: "Sale nègre" ou simplement : "Tiens, un nègre".

J'arrivais dans le monde, soucieux de faire lever un sens aux choses, mon âme pleine du désir d'être à l'origine du monde, et voici que je me découvrais objet au milieu d’autres. 

Frantz Fanon (extrait de  peau noire et masque blanc)


Les afro-descendants les plus visibles parmi les minorités visibles sont invisibles à l’écran et sur les scènes de théâtre

Je n’ai pas besoin de statistiques pour me rendre compte que la France à un visage multiple, il me suffit d’arpenter les rues de la capitale pour être conforté à une France riche de cultures multiples. Pourtant quand j’allume ma télé, la population est quasi exclusivement représentée de façon monochrome, c’est la même chose au théâtre ou dans le cinéma. Assister à une pièce de théâtre, un spectacle ou un film pour un afro-descendant en France c’est voir son existence niée. Et lorsqu’exceptionnellement il arrive qu’on confie un rôle à un afro-descendant il s’agit d’incarner un dealer, un éboueur, un agent de sécurité ou un flic, une servante, une nounou, une aide soignante ou une pute ; des rôles qui renforcent les stéréotypes racistes et qui normalisent l’absence de mobilité entre les classes sociales pour les afro-descendants. Dans Les damnés de la terre, Frantz Fanon dit: « Le racisme bourgeois occidental à l'égard du nègre et du "bicot" est un racisme de mépris; c'est un racisme qui minimise »

Un spectacle raciste pour un état garant d’une culture raciste

Et voici qu’aujourd’hui on nous propose Exhibit B, un zoo humain. Les élites    « bien pensantes » nous présentent cette « exposition » comme étant une oeuvre antiraciste, pourtant l’histoire de France nous enseigne que ces mises en scène de sauvages ces zoo humains ont participé à construire un inconscient collectif raciste. Mettre des afro-descendants en cage c’est démontrer la supériorité de « la race blanche » de fait. Le rapport de domination est dans la matérialisation de la cage dans la chaine au coup. C’est en construisant cet imaginaire raciste que l’on a pu justifier le pillage et l’asservissement du continent africain. Un contentieux oppose les Etats qui ont organisé la traite négrière, qui ont institutionnalisé la colonisation et qui continuent avec le néocolonialisme ou la coopération à piller un continent et à asphyxier son développement. A ce jour, aucune tentative de réparation des préjudices occasionnés par ces crimes n’a été entamé ne serait ce qu’une réparation morale, historique ou mémoriel. Le contexte aujourd'hui n’est pas différent d’hier. Et cet acte qui se dit « artistique » s’inscrit dans la continuité des zoos humains de l’époque et installe dans nos imaginaires des réflexes racistes .
Thomas Sankara a dit : "Il n’y a pas de société humaine sans culture et de culture sans correspondance avec une société." Si le zoo humain Exhibit B c’est de la culture, c’est de la culture en correspondance avec une société raciste.

Le collectif contre Exhibit B : brutalités policières en face du théâtre Gérard Philipe à Saint Denis

« L’égalité en France n’est qu’un mot rêvé pour cacher le racisme. La France est le seul pays où le Noir est autant contrôlé sans raison par la police plus que les autres races; tout cela à cause de sa peau. Quelle police de honte ! » [Malcolm X]

Monsieur Brett Bailey, comment pouvez-vous vous considérer comme un militant antiraciste et accepter que des policiers et des militaires presque tous blancs brutalisent des manifestants pacifiques presque tous noirs?
Que connaissez vous de notre histoire et du contexte français pour venir nous imposer votre vision de l’antiracisme. N’avez-vous pas honte de jubiler sur votre page Facebook quand des afro-descendants sont gazés et brutalisés parce qu’ils se lèvent pour défendre leur dignité?
Les afro-descendants font face depuis bien longtemps à un système, un état où existent un racisme institutionnel et une police dont certains de ses membres comment des actes négrophobes.

Je concluerai par une dernière citation de Malcom X:
« Je sais que nous allons vaincre, car la marche de l’histoire l’exige. Ceux qui se sont  cru plus forts que nous, ne furent que des faibles qui ont profité de notre gentillesse et de notre complaisance; cessons d’être toujours leurs victimes. Le drame du Noir aujourd’hui, c’est sa naïveté, car il est exploité socialement mais aussi politiquement par des gens qui se prétendent ses amis, parlent d’intérêts communs mais s’en moquent. » 


William Farreaux

samedi 6 décembre 2014

Appel au RASSEMBLEMENT CONTRE EXHIBIT B DIMANCHE 7 DÉCEMBRE 2014 À 14H DEVANT LE 104

RDV À 14H DEVANT LE 104 au 5, rue Curial, Paris 19e métro RIQUET




MOT D'ORDRE, à diffuser, imprimer, placarder...

Merci !!!

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N'OUBLIEZ JAMAIS….
Vidéo réalisée par l'Association Black is really beautiful


Conférence de presse de presse du Collectif contre Exhibit B lundi 8 décembre 2014 à10h30 à Paris

Collectif contre Exhibit B
Communiqué de presse du 3 décembre 2014 
Le collectif contre Exhibit B déterminé à poursuivre sa mobilisation contre la mercantilisation de l’histoire humaine.

Conférence de presse, lundi 08 décembre 10h30, IREMMO, 5 rue basse des carmes 75005 Paris


Le collectif contre Exhibit B, réuni le mardi 2 décembre, appelle à manifester dès le dimanche 7 décembre 2014 devant le Centquatre.





Bams : auteure, compositrice et interprète/ chroniqueuse
Diara Issa : Collectif Anti-NégrophobieEsso Joëlle : artiste
Foualem Paulin : acteur, metteur en scène, co fondateur de Cie QHEIL
Gnammankou Dieudonné : historien, conférencier, directeur de DAGAN édition
Lollia Franco : Collectif Anti-NégrophobieBataille Jean-Marie : pédagogue
Lion Karine :femme enceinte, afro-descendante et passionnée par son histoire
Mullen John : historien et militant anti- raciste
Mullen Marie-Lise : professeur des écoles et militante anti-raciste
Nlend Léonce Henri : comédien, metteur en scène
Tadessé Myriam : écrivaine, réalisatrice, co-fondatrice de Cie QHEIL
Valdé Sabrina : auteure, interprète, intervenante socio-culturelle
Traoré Penda : co-fondatrice d’Africa Paris

Contacts : Bams  bamsnews@gmail.com John john.mullen@wanadoo.fr  Franco anc2france@yahoo.fr Penda ptraore@yahoo.fr  Facebook : https://www.facebook.com/contreexhibitB

Horaires de la manifestation du dimanche 7 décembre  à partir de 14 heures.


Agence Info libre: Entretien avec Claude Ribbe : Exhibit B, l’antiracisme et le paradoxe français





AGENCE INFO LIBRE, 6 décembre 2014

jeudi 4 décembre 2014

Contre Exhibit B: John Mullen invité de la Matinale de RADIO CAMPUS PARIS le 04/12/2014

ECOUTER L'ÉMISSION:

Le jeudi 4 décembre 2014 à 19h: John Mullen explique pourquoi le Collectif contre Exhibit B demande sa déprogrammation

"Ce soir dans La Matinale, on aborde le sujet délicat d’Exhibit B, cette exposition de l’artiste Brett Bailey qui reconstitue un « zoo humain » à l’aide d’acteurs noirs muets mis en cage. Se voulant précisément anti-raciste, l’oeuvre attire depuis quelques mois les foudres d’opposants qui lui reprochent d’exposer ces acteurs dans des positions dégradantes. Exhibit B est depuis quelques temps au coeur d’une polémique où s’affrontent partisants et opposants.
Nous recevons ce soir John Mullen, membre du collectif Anti-Exhibit B, qui viendra exprimer son point de vue et celui de beaucoup d’autres, en exposant les arguments de ceux qui jugent l’oeuvre raciste et réclament l’annulation de l’exposition."

RADIO CAMPUS PARIS

Contribution: EXHIBIT B : Les Noirs sont-ils des êtres humains comme les autres humains ? L'intelligentsia et les médias français répondent : NON ! par BL NICYOLIBERA



EXHIBIT B : Les Noirs sont-ils des êtres humains comme les autres humains ? L'intelligentsia et les médias français répondent : NON !

Par B.L NICYOLIBERA, auteur de « Nous les Nègres : le récit africain contre le récit néocolonial – Pour la renaissance africaine », Dagan Editions, 2014

« Abject ! Indigne ! Une insulte contre la dignité humaine,... ». Voilà quelques mots que les Noirs de France auraient aimé entendre de la bouche de l'intelligentsia et des médias français qui encensent Exhibit B où lui trouvent des circonstances atténuantes pour lui apporter leur soutien.

En cette fin d'année 2014, en pleine effervescence des fêtes de fin d'année, le public français se voit proposer, pour finir l'année en toute beauté, un événement culturel des plus excitants pour les nostalgiques des épopées coloniales et esclavagistes de la nation française.

J'ai nommé : Exhibit B, le spectacle qui recrée, en miniature, les expositions coloniales de zoos humains, sous le prétexte de dénoncer le racisme, en reproduisant précisément, ses mécanismes et ses clichés racistes. Le commettant de cette abomination cherche-t-il de quoi agrémenter les débats autour des repas familiaux de fin d'année dans les demeures de la bourgeoisie et de l'intelligentsia françaises?

L'histoire des Noirs imposée par l'imaginaire, le regard et le geste d'autrui lui colle à la peau. En 2014, en France, on n'est pas encore capable de voir un Noir autrement que dans le rôle et la place d'éternel humilié que les esclavagistes et les colons lui ont assigné de force. Puisqu'il n'a même pas le droit de s'indigner ni de se plaindre et que s'il le fait malgré les coups de boutoir et, parfois, les menaces réelles, on lui répond qu'on sait ce qui est bon et mauvais pour lui. Et, il lui est fourni une pléthore de « négrologues » héritiers de ces mêmes esclavagistes et colons qui viennent expliquer la souffrance des Noirs et ce qu'il convient de faire pour l'apaiser. En fait, le Noir français apparaît comme un citoyen de seconde zone, systématiquement traité comme un mineur incapable d'exprimer le moindre point de vue sur sa réalité. Il peut toujours causer, on ne l'entend pas. Il peut crier autant qu'il veut, nul n'a l'intention de l'écouter ni de l'entendre. D'où cette propension toujours à l’œuvre de l'exclure du débat des sujets qui le concernent au premier chef, et de vouloir prendre en charge sa culture, sa mémoire, son histoire, ses revendications, et même sa personne sans qu'il soit nécessaire de requérir son avis.

Tout au long de cette histoire de viols et de violences, le seul souci des héritiers racistes, esclavagistes et colonialistes, est de vouloir toujours imposer une opinion selon laquelle le Noir est une espèce de chose qui subit, se laisse faire et reste passif malgré les assauts et le viol de son corps, de son intégrité et de sa dignité. Pendant ce temps, ses héros et ses résistants sont systématiquement ignorés, ridiculisés, tournés en dérision, diabolisés, quand il ne sont pas purement et simplement emprisonnés, exilés ou assassinés. L'histoire de l'esclavage, de la colonisation et du néocolonialisme est une histoire d'humiliations et de violences permanentes et perpétuelles par une caste de « Blancs » sadiques et cyniques. Et quand il s'agit des Noirs, ces humiliations et ces violences sont même sublimées : elles sont vites transformées en "art"! On en fait des spectacles et des divertissements, on arrive à faire de l'humiliation des Noirs une esthétique et une attraction grand public qui génèrent beaucoup d'argent. Pendant la grande époque des expositions coloniales en Europe, on pratiquait le lynchage des Noirs aux États-Unis. Dans les deux cas de figure, on se déplaçait en masse, en famille et entre amis.

Il n'y a aucun affront, aucune humiliation ni aucune violence assez graves ni abjectes pour les Noirs. Tout, mais absolument tout, est permis contre ces derniers. Il suffit de s'y mettre, pour peu qu'on ait perdu son sens commun de l'humanité. Le Noir est le champ de toutes les expériences. Aucun blâme ni aucune sanction à encourir même si l'on fait preuve d'une extrême cruauté.

Exhibit B de Brett Bailay s'inscrit dans cette lignée d'un racisme institutionnel, populaire et subventionné afin que tout le monde y ait accès. Du coup, l'attitude des élites et des médias français « blancs » qui cautionnent et promeuvent l'insulte contre leurs concitoyens Noirs, conduit inéluctablement à poser cette question : les Noirs sont-ils des êtres humains comme les autres humains?

La question a déjà été posée, il y a très longtemps. De Bartholomé de Las Casas1, l'exécuteur testamentaire, en quelque sorte, de la bulle papale du 8 janvier14542, au comte Joseph Arthur de Gobineau3 le théoricien du racisme encore en cours à ce jour, tout ce qu'ont compté la France et l'Europe comme intellectuels, hommes de sciences ou de sagesse se sont penchés sur le problème dès le 15ème siècle. Toutes les sciences jusqu'alors connues - la théologie, la politique, la philosophe, l'économie, la biologie, la chimie, la physique, les mathématiques, l'ethnologie, la sociologie,... ont été convoquées et mises à contribution pour statuer sur le cas d'humanité des Nègres. On ne sait pas s'il y eut d'âpres débats, mais ils ont été tous unanimes pour nier toute forme d'humanité au Nègre. Et que croyez-vous qu'il s'en suivit? Le ravalement du Noir au rang de l'animal de compagnie et du plus futile des objets meubles domestiques.

L'esclavage et la colonisation furent aussi l’œuvre des Lumières4 desquelles a jailli la république et ses valeurs universelles. Ce fut l'intelligentsia, les courants et les relais d'opinions de l'époque qui tranchèrent la question, de manière définitive : le Nègre n'est pas un être humain, il n'en a ni l'âme ni les facultés. Quelques saillies de grands hommes de cette période explosive d'inventions et d'intelligences à propos des Noirs : on se contentera de deux extraits et on conviera le lecteur à faire des recherches sur les célébrités comme Victor Hugo, Voltaire, Montesquieu, Jules Ferry et autres...pour savoir leur opinion sur les Noirs.

«La plus stupide, la plus perverse, la plus sanglante des races humaines (…) Aucun progrès, aucune invention, aucun désir de savoir, aucune pitié, aucun sentiment (…). La couleur noire, la couleur des ténèbres est vraiment le signe de leur dépravation» Alfred Michiels dans « Le capitaine Firmin ou la vie des nègres en Afrique », Paris, 1853.

« Leur vie, toute animale, les dispose aux voluptés sensuelles comme la gloutonnerie, l’ivrognerie, le sommeil, l’amour…Ils grimpent, sautent sur la corde, voltigent avec une facilité merveilleuse et qui n’est égalée que par les singes, leurs compatriotes, et peut être leurs anciens frères selon l’ordre de la nature.»  Julien Joseph Virey dans « Histoire naturelle du genre humain », Paris, 1827.

Avec leurs positions, l'intelligentsia, les courants et les relais d'opinions de la période des Lumières se sont positionnés de facto, en fournisseurs de la caution morale, éthique, théologique, scientifique, philosophique, politique, économique.., de sorte que le Français et l'Européen lambda se sentissent absolument déchargés de tout poids ou sentiment de culpabilité sur leur conscience. Et cela a fonctionné à merveille : la déshumanisation, l'animalisation, l'abêtisation et chosification ont, le plus naturellement du monde, conduit à la confusion de l'être Noir au simple objet d'exploitation, outil de travail et article de marchandises5. Ce fut, pendant des siècles, une conviction communément partagée et des actes légalement et consciencieusement défendus par les hommes et les femmes de très grande valeur pour leurs contemporains.

L'attitude de l'intelligentsia et des médias français face au scandaleux Exhibit B, démontre si besoin était, que cet état d'esprit de leur prédécesseurs inspire encore aujourd'hui la conduite des nations et des générations françaises et européennes à l'égard des Noirs. C'est également sous leurs lumières que pendant tout le 19ème siècle jusqu'en 1958 date de la dernière exposition en Belgique, les entrepreneurs européens avec l'appui des pouvoirs publics ont organisé des zoos humains6 à travers toute l'Europe. Où, au milieu de la faune et de la flore africaines reconstituées, on exhibait les Nègres et les Indigènes des autres parties du monde, dans des conditions que les organisateurs voulaient que ces gens fussent vus pour que cela restât l'image la plus forte et la plus frappante qui pût imprégner l'esprit du spectateur. C'est à dire, les conditions les plus dégradantes et les plus humiliantes possibles. L'abomination!

Être exposé dans une cage ou un enclos suffit en soi pour humilier un être humain. Mais il fallait en plus leur faire jouer des numéros de rôles dégradants pour forcer le trait.

Et voilà qu'en cette fin d'année 2014, on nous remet le couvert. On nous refait les zoos humains, dans l'esprit des années fastes de cette entreprise immonde, où l'on exhibe les Noirs. Lors des expositions coloniales - personne ne se posait la question vraiment ni ne s'opposait à ce projet - la justification était de montrer aux publics français et européen les bienfaits de la civilisation apportée à ces sauvages. Mais il pouvait y avoir des objectifs non avoués d'ordre politique et économique : comme par exemple montrer en miniature la puissance et l'étendue de l'empire colonial. Ou, sur le plan économique, le fait d'escompter d'engranger beaucoup de bénéfices, grâce à l'engouement des populations que n'allait pas manquer de susciter leur curiosité, à l'égard de ces créatures bizarres et étranges ramenées à la civilisation de l'humanité par le génie colonial.

En raison de l'image, de l'opinion et de la réputation appliquées au Noir, déjà gravées dans la mentalité européenne grâce au travail remarquable de l'intelligentsia, des courants et des relais d'opinions dont les médias, ces exhibitions étaient déjà considérées comme de l'art. Des performances artistiques, des spectacles de divertissements. Les exposants faisaient de l'art. Les exposés des artistes, des figurants.

Aujourd'hui en 2014, au 21ème siècle, un entrepreneur artiste du nom de Brett Bailey refait les mêmes spectacles avec un mobile et un objectif visiblement différents, si l'on en croit sa profession de foi : Exhibit B n'aurait pour but que de dénoncer le racisme. On veut bien croire à sa sincérité. L'ennui est que pour dénoncer le racisme, il utilise les mécanismes, les clichés, les préjugés et les images qui ont généré, légitimé et popularisé le racisme dans la mentalité et les opinions européennes. C'est comme si, pour dénoncer les horreurs des chambres à gaz, il nous reconstituait des tableaux vivants des meurtres dans ces dernières. Certains se sont offusqués qu'un porte-parole du collectif anti-Exhibit B, l'artiste Bams, ait parlé de Mein Kampf dans le contexte d'Exhibit B. Mais l'esclavage et la colonisation ont été notre Mein Kampf. Les expositions coloniales, un de ses chapitres. On retrouve encore et toujours poindre, dans leur arrière-pensée, cette idée qu'aucune horreur ni aucune abomination ne peut suffire pour le Nègre.

Pendant les périodes des razzias et des déportations des Africains dans les univers concentrationnaires de l'esclavage, pendant ce dernier comme pendant la colonisation, de nombreux Noirs ont protesté, résisté et lutté contre les traitements et les sévices inhumains que leur réservaient les esclavagistes et les colons : Haïti s'est libéré. Bien avant Haïti, des milliers de nègres marrons avaient brisé les chaînes de l'esclavage. En Afrique, tous les royaumes ont opposé la résistance jusqu'à leur défaite. À chaque époque, les intellectuels, les artistes et les citoyens ne sont pas restés spectateurs non plus. Ils ont répondu à leurs oppresseurs et dénoncé leurs méfaits. De Toussaint Louverture à Mandela, de Anténor Firmin à Aimé Césaire, de Chaka Zulu à Gbagbo, jamais les Noirs ne se sont laissés prendre et soumettre comme des colombes ou des moutons. Il a toujours fallu un déchaînement d'une rare cruauté de la part des esclavagistes et des colons pour les faire taire et plier. Or, dans l'image que les héritiers des Lumières veulent perpétuer de leurs victimes et des descendants de ces dernières, il n'est pas questions de ces héros qui se sont battus contre l'infamie et les abominations absolues. Ils font comme si les Noirs ont toujours été consentants et collaborateurs à leur sort peu enviable de rebuts de l'humanité.

Comme hier, pourtant, aujourd'hui en 2014, des dizaines de milliers de noirs ont protesté, par des manifestations devant le TGP, lieu d'exposition, ou par la signature de pétitions contre le spectacle Exhibit B de Brett Bailey. Mais au lieu d'entendre leur souffrance, on leur envoie la police pour les réprimer, pendant que intelligentsia et les médias s'occupent de la banalisation de leur combat. On fait comme s'ils n'ont aucune raison de se battre et de résister. On arrive même à renverser la situation en les traitant d'extrémistes noirs ou de racistes « anti-blancs7! » Un comble !

Brett Bailey a beaucoup de chance. Il n'est pas un homme isolé comme les Noirs dans leur détresse. Il a l'intelligentsia, les courants et relais d'opinions ainsi que les médias français, avec lui. Ces derniers assument sans complexe leur héritage et la continuité raciste de l'idéologie des Lumières. L'argument imparable qu'ils ont trouvé est que Brett Bailey est un artiste qui fait de l'art et qu'on ne peut songer, un seul instant, censurer une œuvre d'art en France. De plus, ce serait un crime, un mauvais précédent, contre la liberté d'expression !

Mais il y a un souci ! Un grand malaise devant cette affirmation : en début de cette année, la France entière et le monde ont été secoués par une histoire rocambolesque d'un geste grotesque dit de la « quenelle », une performance artistique contestataire initiée et promue par l'humoriste Dieudonné. Jugé antisémite par les mêmes qui encensent et défendent aujourd'hui Brett Bailey, la quasi-totalité des autorités politiques, intellectuelles, médiatiques, artistiques, associatives...tout ce que compte la France de voix autorisées, ont condamné la « quenelle ». Des centaines de français ont perdu leur emploi, d'autres ont été agressés, d'autres encore arrêtés, jugés et condamnés à la prison. L'état français a déployé des moyens considérables pour persécuter cet artiste, jusqu'à mobiliser les tribunaux administratifs pour interdire les spectacles de ce dernier. Le 9 janvier 2014, sur saisine du ministre de l'intérieur, en procédure d'urgence, le juge du Conseil d’État va même jusqu'à prendre un arrêt de proscription desdits spectacles pour motif que la quenelle porte « (…) atteinte au respect des valeurs et principes, notamment de dignité de la personne humaine, consacrés par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et par la tradition républicaine.»

Mais pour la dignité des Noirs, ils attendront encore. Après tout, ce ne sont pas eux qui jugent ce qui est digne ou indigne pour eux. Mais il y a une certaine cohérence dans cette décision : la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen n'a jamais concerné les Nègres dès sa genèse.

L'histoire récente de la France souffre de trois passifs importants qui ont généré des victimes et des mémoires : l'esclavage, la colonisation et la shoah. Nous apprenons, tous les jours, de l'intelligentsia et des médias que la mémoire est « sacrée » et que la liberté d'expression s'arrête même, dès lors que « la mémoire d'une communauté est piétinée ». Or, nous constatons, à chaque occasion appropriée, que la mémoire de l'esclavage et de la colonisation est systématiquement piétinée aussi bien par les individus que par les institutions censées garantir l'égalité, la justice et l'équité entre les enfants de la république et la coexistence pacifique entre les communautés et les peuples.

La posture de l'intelligentsia et des médias français qui apportent leur soutien8 à Brett Bailey et à son spectacle Exhibit B en invoquant la liberté d'expression et l'opposition de principe à la censure des œuvres artistiques est un mensonge et une hypocrisie dans la mesure où elle n'est pas totalement sincère : en d'autres occasions, ils ont déjà appelé à la censure et au lynchage d'un artiste reconnu en France. Leur humanisme est à géométrie variable entre les cloisons. Un art qui dégrade et humilie l'être humain n'est pas un art, c'est de la diffamation, de l'injure, de l'humiliation, de la provocation et de l'attentat volontaires. Même sous prétexte de dénoncer le mal, il reste un acte aux intentions malsaines. Peut-on imaginer dénoncer la pédophilie en organisant des tableaux vivants des pédophiles dans leurs ébats avec des enfants?

On est bien forcé de croire à la seule conclusion qui s'impose : dans la droite ligne de leurs illustres prédécesseurs des Lumières, l'intelligentsia, les courants et les relais d'opinions, ainsi que les médias français assument9 sans complexe le racisme traditionnel hérité de grands hommes qui ont fait la république. Les victimes des humiliations et du racisme remontant du fond des temps esclavagistes et coloniaux comprennent bien maintenant que le combat n'est pas terminé. Ils auraient bien aimé croire le contraire. Mais ils se rendent compte, malheureusement, que les héritiers des esclavagistes et des colons veillent au grain et perpétuent la tradition de leurs pères. Nos pères ont gagné des batailles importantes face à leurs oppresseurs et bourreaux. Nous devons continuer le combat pour faire triompher l'humanisme contre la barbarie perpétuellement perpétrée contre nous.


1 B. de Las Casas (Séville 1474, Madrid 1566) prêtre dominicain, missionnaire, écrivain et historien espagnol, il a dénoncé très justement le génocide des Naturels du continent américain et suggéré la capture, la déportation et la mise en esclavage les Noirs.
2 Le Pape Nicolas V (de son vrai nom Tomaso Parentucelli, 1397-1455)  publia en janvier 1454 une bulle qui accordait au Roi Alfonso du Portugal, entre autres privilèges : (…)  la faculté pleine et entière d’attaquer, de conquérir, de vaincre, de réduire et de soumettre tous les sarrasins, païens et autres ennemis du Christ où qu’ils soient, avec leurs royaumes, duchés, principautés, domaines, propriétés, meubles et immeubles, tous les biens par eux détenus et possédés, de réduire leurs personnes en servitude perpétuelle; de s’attribuer, à eux [le Roi Alphonse et l'Infant] et à leur successeurs, et de s'approprier et faire servir à usage et utilité ces dits royaumes, duchés, contrées, principautés, propriétés, possessions et biens de ces infidèles sarrasins et païens. » Pour aller plus loin, lire : Assani Fassassi, Le Péché du Pape contre l'AfriqueÉditions Al qalam, Paris, 2002
3 Joseph Arthur de Gobineau, dit le comte de Gobineau (1816 – 1882), diplomate et écrivain français. Écrits importants :  Essai sur l'inégalité des races humaines (1853 - 1855)
4 Les Lumières est un mouvement intellectuel lancé en France au 18ème siècle d'où sont sortis les grands savants et intellectuels français aujourd'hui célébrés dans le monde entier.
5 Pour aller plus loin, voir et lire :
-Louis Sala-Molins, Le code noir ou le calvaire du Canaan, PUF, 2006
6 Pour aller plus loin :
Nicolas BANCEL, Pascal BLANCHARD, Laurent GERVEREAU, Images et colonies (1880-1962), Iconographie et
propagande coloniale sur l’Afrique Française de 1880 à 1962, Paris, BDIC-ACHAC, 1993.
Nicolas BANCEL, Pascal BLANCHARD, Sandrine LEMAIRE, Ces zoos humains de la République coloniale, in Le
Monde Diplomatique, Août 2000.
Nicolas BANCEL, Pascal BLANCHARD, Sandrine LEMAIRE, Zoos humains. De la Vénus hottentote aux reality
shows, Paris, La Découverte, 2002.
Raoul GIRARDET, L’Idée coloniale en France, rééd. Paris, Hachette coll. 
« Pluriel », 1986.
7 Depuis plus d'une dizaine d'années, est apparue, en France, sous la houlette de gens comme Bernard Kouchner, Alain Finkelkraut, Eric Zemmour, et beaucoup d'autres, une théorie bizarre, un fantasme, en somme, de « racisme anti-blanc » qui serait dirigé contre les Blancs comme son nom l'indique et serait le fait des immigrés, notamment les Noirs et les Arabes. Nous disons que c'est un fantasme, dans la mesure où aucun Noir n'a jamais proposé ni préconisé la hiérarchie des « races » humaines. Le racisme est une croyance en la supériorité et l'infériorité congénitales des uns et des autres. Ce concept a été théorisé et développé par les savants européens. Quelle a été la position de l'intelligentsia noire face aux théories de la hiérarchisation des « races » d'un Gobineau par exemple ? Lire : Firmin Anténor, De l'égalité des races humaines, Librairie Cotillon de Paris, 1885
8 Communiqué de la LDH, de la Licra et du Mrap : Exhibit B : un spectacle qui ne doit pas être interdit ou annulé ! (http://www.mrap.fr/exhibit-b-un-spectacle-qui-ne-doit-pas-etre-interdit-ou-annule)
On se souviendra du fameux discours de Dakar de Nicolas Sarkozy, alors président de la République française, le 26 juillet 2007 sur l'homme africain : « (…) Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l'idéal de vie est d'être en harmonie avec la nature, ne connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles (…) . »

mardi 2 décembre 2014

#BoycottHumanZoo II : À LA CULTURE DE NOTRE SERVITUDE, par PO LOMAMI et Mrs ROOTS

#BoycottHumanZoo II : À LA CULTURE DE NOTRE SERVITUDE, par PO LOMAMI et Mrs ROOTS

L'INTÉGRALITÉ DE L'ARICLE SUR LE BLOG DE L'AUTEUR

Après les nombreuses discussions sur le net et les articles éparses et discrets sur le sujet, Mrs Roots et moi-même avons décidé de rédiger cet article sur Exhibit B. Ce dernier est publié en 2 parties : l’une qui est lisible sur le blog de Mrs Roots et la seconde qui va suivre ci-dessous. Nous informons que même si la rédaction de ces deux parties est faite par deux personnes (la première davantage par Roots, la deuxième par Po), nous en soutenons toutes les deux le contenu. Il n’est donc pas question ici de points de vue séparés mais bien d’un malaise et d’une colère commune. C’est pour cela que nous les signons ensemble.

Première partie ici
#BoycottHumanZoo I : le racisme s’invite au musée

3) Notre histoire au service de votre culture pour tous

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Nous nous trouvons dans un cas de plus d’appropriation de notre histoire, nos représentations et nos luttes. Il nous reste à trouver la force pour faire émerger cette question de l’appropriation. Ce qui est menacé, ce sont nos aspirations à une autonomie politique et culturelle où des personnes blanches n’auront pas ce pouvoir de s’emparer systématiquement de nos luttes. Notre autonomie, c’est aussi également la seule chose qui menace réellement un système raciste. Le retrait de la perfusion de poison qui nous ait administrée depuis trop longtemps, pour reprendre des termes de notre amie Amandine Gay, « ce poison qui nous dicte de tourner la face et le corps vers leur soleil, nous laissant dans les ténèbres ».

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Bailey aspire notre histoires, nos représentations, nos émotions, notre énergie. Il met à mal ce que nous devrions allouer à notre survie, à notre construction, à notre futur. Il était interdit aux esclaves d’apprendre à lire et écrire ni de se rassembler sans la présence d’une personne blanche afin d’éviter toutes velléités émancipatrices. Cette intrusion dans nos espaces symboliques imaginaires comme matériels est un prolongement de ceci. Si Bailey dit comprendre le lien entre le zoo humain et les centres de détention d’immigré·e·s, nous l’invitons à pousser la réflexion sur son propre comportement et son travail. La présence blanche a constamment envahi nos espaces et pris nos sujets de lutte pour les définir selon ses conditions et volontés. Bailey reproduit un privilège blanc où les personnes noir·e·s sont maintenues sous tutelles. Dénoncer ces méthodes nous places dans la position du·de la marginal·e qui menace, la civilisation ou, comme ici, la culture. Il est l’exemple type de la personne qui se présente et se croit alliée alors qu’elle exerce une tutelle mentale et se croit dans la liberté de le faire. Nous nous interrogeons donc encore plus sur cet engagement qu’il prétend servir.